Conteur Azerro accueil
Les pensées du Conteur Azerro
Les sketches
Les Chansons du Conteur Azerro

La Boutique du Conteur Azerro
Les livres
CD DVD

Le conteur Azerro
Parle a Bush
Droles d histoires

Correspondre avec le Conteur Azerro
Biographie du Conteur Azerro Galerie de photos du Conteur Azerro La troupe du Conteur Azerro L'agenda du Conteur Azerro

Les Sketches du Conteur Azerro


Retour

- Accident chez le dentiste

Dans le monde entier, je dis bien "monde entier", il y a des vieux qui sont là sans dent, sauf celle qu'ils ont contre leur dentiste. Il y a même des vieux qui disent que les dentistes sont des monstres. Et ils n'ont pas tort.
La dernière fois que je suis allé visiter le mien, le docteur Max Hilaire, ce damné, (je dis ce damné car il vient de Sedan où il avait un super atelier), mais est implanté aujourd'hui à Eguilles dans les Bouches du Rhône, il m'a dit en me regardant d'un drôle d'air :
- J'ai vos dents.
Je me souviens lui avoir lancé un regard mi-chien mi-Rintintin. Je sais, d'habitude on dit mi-chien Milou. Mais on peut se tromper de B.D.
Et puis ce jour là, le mot loup, même mi-loup, m'affamait, car à cause de la dent qu'il me manquait pour mastiquer, car je mastique tous les jours comme tout le monde, j'étais à jeun depuis plus de 24 heures et, en allant le voir je pensais : j'espère que le dentiste aura ma dent.
D'ailleurs, j'avais tellement faim que pour aller à mon rendez-vous, j'avais fait un petit détour sur la route pour prendre le faux plat qui passe derrière son cabinet, qui est très peu visible de la route puisqu'il s'agit d'un cabinet dentaire.
Celui qui y accédant, avec courage, pénètre un palais où des couronnes, en pivot sur des racines encore apparentes, alignées en dents de scie, conduisent jusqu'à la réplique de la statue de l'Adam de Rodin, à côté de laquelle, Mme Hilaire, une blonde à forte poitrine, devant laquelle beaucoup de clients salivèrent (surtout en été), tient l'accueil.
Le jour de ma visite, elle portait un petit chandail qu'elle avait dû tricoter elle même avec le reste d'une pelote de fil, car à travers les mailles on voyait bien la pulpe. Elle m'avait informé :
- Mon mari termine une séance d'exorcisme pour soigner une carie. Vous pouvez aller vous installer dans la salle d'attente.
Je lui avais répondu :
- Merchi che fais mâchoire.
- Oh ! Mais vous souffrez beaucoup. Attendez ! Ne bougez pas ! Je vais vous mettre la radio. Mon mari dit que c'est une bonne méthode anesthésiante pour tester l'efficacité de notre tuner.
Alors une chanson douce interprétée par un slovène m'arracha le coeur me faisant penser une dernière fois encore au nerf à vif, avant que le corsage de Mme Hilaire vienne s'écraser contre mon corps beau qui ne demandait qu'à être un corps vidé de sa douleur.
Et ainsi, s'excédant, moi dansant sans dent, accommodant mes mouvements à ses déhanchements insolents, où dans la poésie chevaleresque de ce lent slow nos corps se trouvèrent, comme Eve et Adam s'évadant, paradant au paradis, passant décadents sous la statue de l'Adam qui elle restait de marbre, mes lèvres se rapprochèrent de sa bouche que j'aimais trop.
Et, oubliant la dent et son nerf, sous la pression de ma langue ses dents cédèrent, et cessant de nous dandiner nos dents dînèrent d'un merveilleux baiser, nous faisant faire un petit arrêt, puisque c'est dentaire.
Mes mains caressaient ses seins, quand une série d'halètements, de plus en plus nombreux, incessants, suivie par des grondements sourdant d'une gorge profonde et envoûtée, parvinrent de la salle de soins.
Puis il y eu les vociférations du docteur Max Hilaire qui s'égosillait :
- Elle est athée, elle est athée.....
Alors j'interrompis le corps à corps, le bouche à bouche, et, pensant me retrouver nez à nez et les yeux dans les yeux avec ma partenaire, quelle ne fut pas ma surprise d'être face à une créature immonde, mi-femme mi-chienne, enfin ni femme ni chienne, beaucoup plus infâme que femme.
Partout sa peau cédait sous la luxuriance de sa pilosité dense, comme avec les loups. Très vite elle fut partout touffue.
Car, si le docteur Max Hilaire n'était pas parvenu pendant sa séance d'exorcisme à chasser l'esprit hors du corps de sa cliente vampire qui éructait :
- Encore athée, encore athée...
moi, j'avais réveillé le démon qui sommeillait dans le corps de sa femme, qui, dès qu'elle vit la créature aux dents longues revenir en virevoltant dans la salle d'accueil pour rejoindre la sortie, comme une chienne de garde se mit en arrêt devant elle.
Il y eut un premier ring d'observation. Puis, très vite, toutes les deux se boxèrent, chacune se méfiant de la morsure de l'autre, enfin, surtout Mme Hilaire...
Car, le vampire a la particularité d'être un être qui ne peut naître que de morsure, et ne peut être qu'en mordant, donc n'est pas mort, mais lui n'en est pas sûr, enfin, pas sûr à sang pour sang, et par ce coup du sort doit se gorger de sang car c'est comme cela qu'il s'en sort. Il pense: Si t'es mort agit. Alors il mord, mord et remord sans remord sa progéniture, ses descendants. Et descendant de vampire, voila de quoi gêner la logique. Un vampire sans dent serait forcément un escroc. Car dès qu'il est mordu le vampire a les dents qui poussent, surtout les canines, les crocs, qui s'allongent d'abord un peu, restant de taille moyenne. On les appelle les mi-crocs. Ils poussent ensuite de siècle en siècle, cent ans par cent ans. Les mi-crocs croissent. Et quand ses crocs ont assez crûs, le mort vivant, mort de faim, l'estomac dans les talons, tel un pur-sang, part à la recherche du bon cou, c'est à dire... MOI.
Oui ! Car dans cette histoire il y a le docteur Max Hilaire qui appartient à la famille des jaloux, sa femme qui est déjà loup et une cliente vampire qui risque de me sauter au cou pour m'y faire deux petits trous, ce qui serait incommodant.
Mme Hilaire repoussait encore les avances de la cliente vampire qui me lançait d'inquiétants :
- coucou, coucou
quand son mari, rouge de rage et armé d'un bâton pointu et taillé contre les vampires vint vers moi en me disant :
- Tenez, prenez ce pieu ! Celui qui à moi s'allie s'aid'ra.
J'allais le saisir, mais en un bond, dans un bruissement d'ailes, la cliente passant entre nous en répondant:
- Ce pieu je le veux !
le prit, offrant ainsi au dentiste son aide hantée.
J'allais dire : Hélas hantée.
Mais cela aurait été mal venu pour la suite de l'histoire.
La première à mourir fut Mme Hilaire.
Le pieu perçant son flan de fêlée, (ce qui est normal pour un flan d'oeufs et lait) passa à travers les cotes, fêlées elles aussi, transperça le coeur, traversa la gorge pour ressortir par la gueule de loup garou de Mme Hilaire, comme un immense cure-dents.
- Odile! Odile! Mon amour, mon p'tit loulou, mon ange, ne pars pas au pays des louanges!
s'écria le malheureux dentiste alors que sa femme hurlait à la mort.
Vous auriez vu les crocs qu'Odile avait ! De quoi tirer toutes les larmes du corps de pauvre Max qui, agenouillé au chevet de sa créature de femme qui maintenant geignait :
- Tu es libre Max.
ne vit pas venir l'attaque de l'autre furie qui, passant par derrière comme une trompette, n'en fit qu'une bouchée.
C'est à ce même instant que Mme Hilaire rendit son dernier souffle. Ce qui est normal car, chez le dentiste, celui qui geint gît vite.
De là où j'étais le spectacle n'était pas beau à voir. Mais c'était de devant pire.
- Ah c'est laid ! Ah c'est laid !
pensait la statue qui, décidant de se desceller, provoqua l'incident.
L'Adam, de sagesse, dans les pommes tomba.
Dans la chute, sa tête heurta celle de la vampire qui bascula par-dessus l'épaule du dentiste, pour venir s'embrocher sur le pieu qui dépassait encore de la gueule du loup-garou, réunissant les deux créatures bouche en coeur et, comme le dit l'expression populaire, dans la tombe et sous l'Adam.
Comme quoi, quand il y a des monstres dans les histoires à dormir debout, il faut savoir que quand le pieu en traverse un et en ressort, il faudra, cela va de soi, pour être à l'aise, que l'autre vous l'assommiez.
Mais quand, en plus, cette histoire se passe chez votre dentiste qui vient d'être mordu par un vampire, et qu'il vous regarde en disant :
- J'ai vos dents ! 
pour s'en sortir, il faut avoir un plan.
Soit vous prenez le mors aux dents, mais il faut être sûr de son coup, soit vous prenez la poudre d'escampette pour aller raconter au plus vite votre histoire au premier venu.
C'est ce que j'avais fait.
Et en sortant du cabinet dentaire je vois cette enseigne : Agence Yves. Presse et dépêches.
C'est ainsi que le lendemain matin on a pu lire un article intitulé : Accident chez le dentiste.
Comme quoi, avec tout ce que l'info cite, je pense que c'est normal de se faire du mauvais sang.

- Accident chez le dentiste

 

 

BRAVO
Voir toutes les vidéos

Tel père tel maire

Voir la Troupe en diaporama
Voir le diaporama en grand